La gratuité a une histoire

Pourquoi s'intéresser à l'histoire de la gratuité ?

La gratuité des transports publics a une histoire bien plus longue qu’il n’y paraît. En France, les premières mesures de gratuité totale d’un réseau de transport collectif urbain datent des années 1970, et c’est souvent avec cette décennie que s’ouvre tout l’historique à ce sujet. Mais, comme souvent, poser la question historique de la gratuité renvoie à divers moments et divers lieux, qui marquent autant de jalons d’une histoire constituée d’expériences abouties comme de projets inachevés.

Aujourd’hui encore, la gratuité n’est pas une mesure aux modalités unifiées entre toutes les villes qui la pratiquent, et il a déjà existé des façons multiples d’envisager un tel dispositif dans l’histoire, avant même 1971 et le choix de Colomiers, qui fait figure de première expérience française pérenne de gratuité totale.

C’est donc une forme d’exploration de cette idée de gratuité des transports publics que l’Observatoire dresse ici, en s’intéressant, de façon pointilliste, à plusieurs épisodes où elle est entrée en jeu sous des formes variées qu’il serait anachronique de juger à l’aune de ce que cette gratuité a pu devenir aujourd’hui, mais qui éclairent sa généalogie et donc ce qu’elle est de nos jours.

Arnaud Passalacqua est historien, et professeur en aménagement de l'espace et urbanisme à l’École d'urbanisme de Paris. Co-président de l’Observatoire, il s’intéresse aux enjeux des mobilités dans notre société contemporaine en s’attachant aux systèmes qu’ils constituent, formés d’artefact matériels comme d’imaginaires et de savoirs, inscrits dans le temps long des usages et des matérialités. 

Marika Rupeka est docteure en architecture, ingénieure de recherche au LATTS et chercheuse associée au LIAT. Elle aborde la gratuité des transports dans plusieurs contextes historiques et géographiques dans sa thèse soutenue en 2021 sur la prise en compte du bien-être dans les politiques publiques françaises, suédoises, anglaises et néerlandaises.

Marie Thirion est ATER à l’Université Grenoble Alpes et membre associée du laboratoire LUHCIE. Elle a soutenu une thèse en décembre 2022 consacrée à l’opéraïsme de la Vénétie (Italie) des années 1960-1970 et aux différentes luttes organisées par les militant.e.s, notamment celles sur les transports.

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