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Municipales 2020 : élection de 18 maires favorables à la gratuité des transports

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Article publié le mercredi 1 juil. 2020

Montpellier sera la première métropole française à adopter la gratuité des transports en commun.

Ces élections municipales auront décidément été placées sous le sceau de la surprise. Après un premier tour chahuté par le Covid-19, le deuxième tour tardif a vu l’élection de plusieurs femmes politiques à la tête de grandes villes, de candidats écologistes inattendus et aussi, et c’est évidemment ce qui nous intéresse le plus ici, de maires favorables à la gratuité des transports en commun.

L’Observatoire des villes du transport gratuit recense, a minima, 18 villes dans ce cas (n’hésitez pas à nous contacter via notre formulaire de contact si vous constatez un oubli). NDLR : ajout de Chambéry le 6/07/20.

Montpellier, figure de proue

Citons d’abord Montpellier. La métropole sera sans doute la première de France à mettre en place la gratuité totale des transports en commun pour ses habitants. Il s’agit d’une promesse de campagne de Mickaël Delafosse, élu sous l’étiquette « liste d’union de la gauche », qui fait preuve d’un très grand volontarisme sur le sujet.

Bourges, Millau, Laval et Narbonne

Derrière cette figure de proue, on trouve Bourges où le divers gauche Yann Galut a été élu largement au 2ème tour, Millau qui a porté à sa tête Emmanuelle Gazel (liste d’union de la gauche), Laval où Florian Bercault (LDVG) va expérimenter la gratuité totale et Narbonne où le divers droite Didier Mouly a défendu l’idée de gratuité totale durant sa campagne.

Dax, Martigues et Vannes

Comme déjà annoncé dans un précédent article paru sur ce site, des candidats favorables à la gratuité totale avaient été élus dès le premier tour à Dax (le centriste Julien Dubois), Martigues (le communiste Gaby Charroux) et Vannes (le divers droite David Robo).

Ailleurs, d’autres candidats ont été également élus, favorables à des formes de gratuités partielles, faisant figures de tests et donc susceptibles d’évoluer dans le temps.

Clermont-Ferrand, Grenoble et Marseille

A Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi (élu sous l’étiquette LUG) compte parmi ses soutiens de fervents partisans de la gratuité. Le nouvel édile s’est ainsi engagé à tester dans un premier temps la gratuité des transports uniquement les week-ends puis, ensuite, tous les jours.

A Grenoble, Eric Piolle (LDVG) l’a annoncé : il instaurera la gratuité les week-ends et toute l’année pour les plus précaires, puis tendra vers la gratuité totale.

A Marseille, sous réserve des résultats du 3ème tour, Michèle Rubirola (LDVG) a choisi la gratuité partielle dans un premier temps, uniquement pour les jeunes et les personnes percevant les minima sociaux, mais est favorable à la gratuité totale dans un second temps.

Besançon, Cergy, Lille, Nancy, Nantes et Rouen

A Besançon, la maire Anne Vignot (LUG) prône une gratuité des transports en commun réservée aux moins de 26 ans ainsi qu’aux bénéficiaires des minimas sociaux.

A Cergy, Jean-Paul Jeandon (LDVG) instaurera la gratuité pour les jeunes et les seniors.

A Lille, Martine Aubry (LUG) avait surpris tout le monde pendant la campagne en évoquant son souhait de voir la gratuité des transports instaurée pour les moins de 18 ans, les étudiants et les revenus modestes.

A Nancy, Mathieu Klein (LDVG) va instaurer la gratuité les week-ends. Johanna Rolland (LUG) fera de même à Nantes.

A Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol (LUG) propose d’expérimenter la gratuité partielle les samedis, puis les week-ends si les résultats sont concluants.

A Chambéry, Thierry Repentin (LDVG) mentionnait dans son programme d'entre deux tours sa volonté de mettre en place la gratuité des bus pour les plus modestes, les jeunes et les personnes âgées, ainsi que le samedi (pour faciliter l’accès aux commerces) et étudier la faisabilité financière d’une gratuité totale.

Le passage à la gratuité des transports dans ces 18 villes permettra à plus de 2,6 millions d’habitants de découvrir bientôt la gratuité des transports en commun.


La gratuité boostée par la crise sanitaire ?

Cette recension de 18 villes est uniquement basée sur les résultats des élections municipales. Elle ne tient pas compte des évolutions liées à la crise sanitaire qui pourraient renforcer l’attractivité de la gratuité aux yeux des maires et présidents d’intercommunalités.

Or, selon Maxime Huré, président du comité scientifique de l’Observatoire des villes du transport gratuit, « dans un contexte où les réseaux font face à une chute importante de fréquentation, la gratuité des transports pourrait permettre de rendre à nouveau attractifs les transports collectifs ».

Actuellement, dans certaines villes petites et moyennes, des réseaux n’enregistrent quasiment plus de recettes provenant de la vente des titres de transport. De quoi formuler, pour le chercheur, cette hypothèse de maires amenés à appréhender différemment leur politique de tarification. « La gratuité pourrait améliorer l’efficacité économique du réseau de transport en permettant un taux de remplissage des bus plus important ». Affaire à suivre donc.